vendredi 30 avril 2010

Akame shijuuhachitaki, ou les Cascades de la Salamandre

La série de jours fériés de la Golden Week a commencé hier, avec le jour de Showa (anniversaire de la naissance de l’Empereur Showa, plus connu chez nous sous le nom d’Hirohito). Le 3 ce sera le jour de commémoration de la Constitution, le 4 le jour de la nature, et le 5 le jour des enfants (surtout des garçons d’ailleurs). En faisant le pont, ça fait une semaine de vacances. Mais comme presque tout le Japon se retrouve en vacances en même temps, c’est l’un des pires moments pour aller faire du tourisme. Les hôtels affichent complet et les lieux touristiques sont pris d’assaut.

Pour éviter la foule mais sortir quand même, aujourd’hui j’ai pris le train pour la préfecture de Mie, la préfecture la plus à l’Est du Kansai, jusqu’au village d’Akame-guchi. Je me suis retrouvée dans le Japon rural. Depuis la place devant la gare, où il n’y avait qu’une seule boutique, le combini, j’ai pris le bus (l’unique par heure) qui emmène les touristes jusqu’aux chutes d’eau d’Akame. Il paraît qu’il y en a 48, je n’ai pas compté. (Mis à part la végétation) , ça avait vraiment des airs de cascades du Hérisson.



L’endroit était très calme, il n’y avait pas beaucoup de marcheurs (mais ils étaient presque tous équipés d'appareils photo avec gros objectif et même parfois trépied, rien à voir avec mon petit appareil qui a quand même bien servi), et le sentier qui longeait les cascades était vraiment agréable. Parfois c'était assez raide, mais les lieux étaient équipés avec des rampes, et les pierres ne glissaient pas trop.


Le cours d'eau abrite des sanshouuo, animaux de la famille des salamandres. Ces bestioles sont protégées, un petit musée leur est consacré à l'entrée du site, et ainsi qu'une petite fontaine où les gens mettent une pièce.


J'ai pique-niqué en haut du sentier (qui fait 3,7 km), puis je suis redescendue, et finalement au lieu d'attendre le bus, j'ai fait les 6 km qui séparent les cascades de la gare à pied. Ça m'a permis de voir un peu le paysage.

Ce drôle d'engin sert à repiquer les plants de riz.

La spécialité culinaire locale (au Japon il y a toujours une spécialité locale), c'est un petit gâteau sec au sésame, appelé katayaki : kata = dur, et yaki= cuit. Il porte parfaitement son nom, j'ai cru que j'allais me casser une dent la première fois que j'ai essayé d'en croquer un. Dans certaines boutiques les katayaki étaient même vendus avec un petit marteau en bois pour les casser !


J’ai passé une très bonne journée et pris un grand bol d’air. Je compte bien essayer d’autres randonnées proposées par le bouquin "Randonnées en montagne dans le Kansai", dans lequel j’ai investi il y a peu.


lundi 26 avril 2010

Kyoto coté tourisme

Hier il y avait un concert à la villa Kujoyama, branche de l’Institut qui accueille des artistes et scientifiques français pour des séjours de quelques mois.

La salle de concert de la villa, où s'est produite Milkymee.

Puisque le concert me faisait aller à Kyoto même le dimanche, j’ai décidé de partir tôt et d’en profiter pour me promener un peu. Il faisait un temps magnifique, et beaucoup de Japonais semblaient avoir eu la même idée. Je suis retournée à Nishiki, le marché couvert où on trouve plein de poissonniers et de marchands de légumes marinés.


J'y ai dégusté un chirashi-sushi aux légumes du marché.


Ladurée s'offre une belle vitrine de Takashiyama, l'un des grands magasins de Kyoto, à l'occasion de la fête des mères (en avance par rapport à la nôtre).


Kamo-gawa

Gion

Ensuite, en repassant le pont de la rivière aux canards, je suis allée jusqu’au Kiyomizudera, le temple sur pilotis (cf ce message). L’endroit avait des allures de Mont Saint-Michel. Les rues qui montent au temple étaient noires de monde, et les boutiques pleines de touristes. Il y avait un alignement impressionnant de boutiques de yatsuhashi (il en existe bien 3 ou 4 marques différentes), dont les vendeurs criaient à qui mieux mieux pour attirer le chaland (c'est une habitude locale, qui s'observe dans de nombreuses boutiques, aussi bien les parapharmacies que les magasins de chaussettes. C'est très désagréable. Dans le supermarché du coin, à la place d'un vendeur qui crie, il y a un haut parleur avec un enregistrement, qui se déclenche à chaque fois que quelqu'un passe devant le rayon de la viande).


JustifierFoule devant l'entrée du Kiyomizudera

Je suis redescendue par les petites rues de Gion, un des quartiers bien préservé, où vivaient les geisha. Les allées étaient bordées de plein de petites boutiques présentant des produits de l’artisanat plus ou moins traditionnel.


Sur cette photo il y a une maiko (apprentie geisha)... saurez-vous la retrouver ?


Dans les jardins du Yasaka-jinja

samedi 24 avril 2010

Comment faire des croque-monsieur au Japon

Depuis quelques jours j'avais envie de manger des croque-monsieur, et avant-hier je suis donc allée faire les courses en conséquence. Pain, fromage, jambon, beurre, aucun ingrédient ne manque... mais le choix est limité et finalement mon panier ressemblait peu à ce qu'il aurait été pour le même plat en France.



Le pain
Pour éviter le pain de mie coupé en tranches de 1,5 cm d'épaisseur (le modèle de pain le plus courant ici, le shokupan), j'ai choisi du pain "spécial sandwich". Il est tout blanc, carré, et la croûte a été coupée. A propos de croûte de pain, sachez qu'il existe une version spécial de shokupan, appelée "mimi dake", avec de la croûte sur toutes les faces de la tranche. Au Japon il y a beaucoup de variétés de pain différentes, mais peu d'entre elles sont comestibles. Je soupçonne même le pain de la plupart des boutiques de grands magasins (style Galeries Lafayette) d'être fait à partir de pâte congelée.

Dans la liste des ingrédients, on trouve le sucre, juste après la farine. C'est déjà le cas pour le shokupan, mais pour du pain spécial sandwich, c'est étonnant.

Le jambon
Il est vendu (cher) en tranche fines de 10 cm de diamètre, souvent entre 4 et 8 tranches par paquet. Impossible de trouver du jambon à la coupe au supermarché du coin.


Le fromage
Au rayon fromage, la variété principale est le fromage à la consistance de plastique, et sans goût. Deux conditionnements : rapé, ou en tranches fines emballées individuellement (dans ce cas, deux versions : celle qui fond et celle qui ne fond pas). Il y a parfois du camembert fabriqué à Hokkaido (conditionné sous coque plastique étanche, il faut le laisser une bonne semaine coque ouverte au frigo pour espérer avoir du fromage un peu coulant). Et de temps en temps, on trouve des fromages d'importation, hors de prix (le kiri devient un luxe !).

Liste des ingrédients du fromage qui fond : "natural cheese" (on avance...), dérivés du lait, conservateurs.

Le beurre
C'est le seul ingrédient à peu près normal. Il coûte juste très cher (2,20 euros les 200 g).


La salade
Les laitues minuscules étant à 2 euros pièce, je me rabats sur autre variété, appelée "feuilles de salade".

Le résultat n'était néanmoins pas trop mal, et surtout ça change du riz.

lundi 19 avril 2010

Quelques nouvelles rapides après 1 semaine de stage

Ça y est la première semaine de stage est terminée, et tout s'est bien passé. J'étais quand même contente de voir arriver le week-end, car comme j'ai pas mal de trajet ça me fait un rythme assez soutenu.


Je suis dans un bureau avec deux Japonaises,qui, comme l'ensemble du personnel japonais de l'Institut parlent très bien français. Je ne vais pas détailler ce que je fais, même si maintenant je pourrais écrire une dissertation sur l’impression des cartes en plastique.


Depuis hier il s'est remis à faire beau, alors que la semaine dernière il faisait tellement frais que j'ai fini par ressortir ma veste d'hiver. Vendredi il a même neigé à Tokyo !

Aujourd'hui, j'ai profité d'être en repos pour aller faire quelques emplettes à Tennouji. J'ai investi dans une boite à bento, pour emporter mes pique-niques et me forcer à préparer autre chose que des carottes râpées sur du riz.


Comme la rentrée a eu lieu début avril, les rayons des magasins sont encore pleins de boites à pique-nique, dans tous les styles (imitation laque, rose fluo), ainsi que d'accessoires pour que les mamans préparent des repas amusants à leurs enfants pour le midi : perforeuses pour découper la forme des yeux et des moustaches de chat,(pour mettre sur les onigiri) ; moules pour donner des formes aux oeufs durs; pochoirs pour découper des formes dans le jambon; etc. Les fabricants ne manquent pas d'imagination.

Je ne fais pas plus long aujourd'hui, je vais dormir pour réussir à me réveiller à l'heure demain.

lundi 12 avril 2010

Fête des cerisiers à Sumizome (2)

Le petit concert de koto et shakuhachi a commencé avec l’apparition d’un étrange personnage.


C'était un joueur de shakuhachi. Cette flûte en bambou (mesurant 1,8 shaku, soit environ 55 cm) était réservée aux moines de la secte bouddhiste zen Fuke. Ceux-ci étaient souvent, si j’ai bien compris, d’anciens samouraïs ayant perdu leurs biens ou leur seigneur. Ils portaient un sabre, signe de leur rang, à la ceinture (ce qui n’était bien sûr pas le cas des autres moines bouddhistes à l’époque Edo !). Le chapeau qui leur cache la tête matérialise leur absence d’ego. Les moines fuke n’étaient pas des moines cloîtrés, ils se déplaçaient dans la ville pour jouer leur musique. Ils portaient accrochée autour du cou une petite boite, dans laquelle les passants pouvaient déposer une pièce.


Geta (tongs) avec carroserie en plastique, ça fait moins typique mais ça évite de salir les chaussettes blanches.

Après nous avoir expliqué tout cela, le joueur de shakuhachi s’est installé avec les joueuses de koto, et ils ont ensemble interprété plusieurs airs bien connus du folklore japonais.





Le koto est une sorte de longue cithare. Les joueurs pincent les cordes avec un grattoir en ivoire. Autrefois, les cordes étaient en soie et les chevalets qui les tendent en ivoire.



Je peux vous raconter tout ça, parce qu’en tant que seule occidentale dans l’assemblée, et alors que j’étais allée voir de plus près à quoi ressemblaient les instruments après le concert, j’ai été invitée à essayer. Une des dames m’a fait jouer le refrain d’une chanson assez connue (sakura, sakura), en me montrant les cordes où appuyer. Forcément, vous pouvez imaginer que j’étais particulièrement à l’aise, sur l’estrade devant tout le monde. Mais c’était amusant, et ça donnerait presque envie de se remettre à la musique (mais le koto, c’est quand même un peu encombrant, et la position donne des fourmis dans les jambes).


Pour finir, il y a eu un court office bouddhiste dans le temple. Avec Kaori, nous nous sommes approchées un peu. Nous avons été invitées à entrer dans le temple, et à nous asseoir sur des chaises (très basses) avec les autres. Je me suis vu distribuer un livre de prières, avec des idéogrammes partout, heureusement surmontés de l’indication de leur prononciation. Même parmi les Japonais beaucoup de gens ne doivent pas savoir comment prononcer ce genre de textes. Le moine psalmodiait les prières, l’auditoire pouvait l’accompagner, et ma voisine (la distributrice de missel), s’appliquait à m’indiquer où nous en étions rendus. Il faut dire que je perdais le fil assez souvent, le moine changeait de rythme et ne prononçait pas toutes les syllabes. Je n’ai aucune idée de ce qu’il racontait.


Puis, pendant que le moine continuait à chanter, en frappant de temps en temps dans une sorte de grand bol qui résonnait, chacun devait se rendre tour à tour devant l’autel. Sur une petite table était déposée un récipient contenant à droite de l’encens (je crois, ou alors du charbon, mais ça ne salissait pas les doigts) et à gauche des cendres allumées. Chaque personne devait répéter trois fois le geste de prendre une pincée d’encens, la porter au niveau de son front, et la déposer à gauche dans les cendres allumées. J’y suis allée aussi. Ceci terminé, le moine a fait un petit sermon.


Demain, fini le tourisme, je commence à bosser.

dimanche 11 avril 2010

Fête des cerisiers à Sumizome (1)

Aujourd’hui, une amie de Taca, Kaori, m’avait invitée à la fête des sakura de son quartier, à Sumizome (près de Kyoto). Autour du temple bouddhiste avaient été installés des bancs et des petites boutiques, on pouvait acheter son pique-nique (riz aux pousses de bambou, c’est le plat de saison) ou des gâteaux traditionnels, des ouvrages de couture faits main. Les animations étaient assurées en partie par des gens du quartier, et j’ai pu assister à plusieurs démonstrations.



D’abord, du morin khuur, un instrument à cordes mongol. Les cordes sont faites en crin de cheval, et l’extrémité du manche est sculptée en forme de tête de cheval. Le joueur tient la caisse de résonance sur ses genoux ou entre ses jambes, et joue en tenant l’archet dans la main droite.



Je n’ai pas fait de film, donc je vous mets un lien youtube pour vous donner une idée du son (c’est l’interprétation d’une musique japonaise, assez proche de ce que j’ai pu écouter aujourd’hui).




Puis il y a eu une démonstration de découpage de thon rouge. C’était une sacrée attraction, la foule s’est rassemblée autour de la poissonnerie et les voitures ne pouvaient plus passer dans la rue (certes, la rue n’était pas large). Avant que la découpe ne commence, quelques enfants sont allés jeter un coup d’œil dans la gueule de l’animal. Il paraît qu’il avait l’œil clair et que c’était un très beau thon (il faisait bien 100 kg).


Je vous passe les détails de la découpe, je suis vite allée me mettre un peu à l’écart de la foule des photographes. Je pense que ce thon a été pris en photo bien plus de fois que le joueur de violon mongol.

Après la démonstration, il a été possible de goûter à un morceau de sashimi. Nouvelle ruée. Finalement, il y a eu assez de morceaux de dégustation pour tout le monde, et c’était vraiment délicieux. Beaucoup de gens en ont acheté pour le dîner, quand je suis repassée une heure et demie après il ne restait presque plus rien de la bête.


Retour à la musique, avec un groupe qui jouait du tambour (taiko), sous les cerisiers dont les pétales s’envolaient à cause du vent. Ca faisait comme de la neige, c’était très joli, mais difficile à prendre en photo avec mon petit appareil. Les petites filles couraient après les pétales.


Les joueurs de taiko étaient une bonne douzaine, de tous les âges. C’était très impressionnant, et ça a l’air particulièrement physique comme instrument. Les joueurs font de très grands gestes, et forcément, ça fait du bruit. A un moment, l’un d’eux a tapé tellement fort qu’il a fait un trou dans la peau de son tambour.


Je mets le lien d’une des vidéos que j’ai faites.



Entre chaque morceau la configuration des tambours était modifiée.


Ce n’est pas la première fois que j’en vois, mais à chaque fois j’aime beaucoup (et ce n’est pas parce que Tanaka en joue dans le dernier dvd des Kat-tun !).


Voilà pour aujourd'hui. Il me reste encore la moitié de l'après-midi à raconter, mais il est l'heure d'aller dormir pour me réhabituer à me lever tôt, mon stage commence après-demain. Je posterai ma première expérience au koto demain. Je vous laisse avec un tanuki (vous vous souvenez, cette espèce de renard dont un représentant avait élu domicile dans la rivière kanda) en terre cuite déguisé en moine. Ces poteries sont une spécialité de la préfecture de Shiga, et on en trouve souvent près de l'entrée des maisons. Celui-ci était dans le jardin du temple.


mercredi 7 avril 2010

Château d'Osaka

Hier, avec Masa, nous sommes allés nous promener dans le parc du château d’Osaka.


Le château a été construit par Toyotomi Hideyoshi à la fin du XVI° siècle. Les murs sont composés de blocs de pierre de près de 2 mètres d’arête, juxtaposés sans mortier. L'édifice a été reconstruit (en béton) au cours du XX°.


Une maquette dans la gare permet de se rendre compte de la configuration du parc.


Une parcelle était réservée à la présentation de plusieurs variétés de cerisiers : à fleurs rouges, blanches, ou bicolores.



Il y avait beaucoup de touristes étrangers, et pas mal de gens qui promenaient leur(s) chien(s), très souvent de minuscules bêtes, habillées et coiffées. Le couple de la photo ci-dessous en avait quatre, et rencontrait un certain succès sur son passage ("kawaii, kawaii"). J'avoue avoir préféré le bouvier bernois qui prenait un bain de soleil dans un coin du parc.



On est allés dans un restaurant de tempura (beignets japonais). Les serveuses étaient en kimono, et le décor très traditionnel. Les fritures arrivaient au fur et à mesure, le cuisinier précisait à chaque fois s'il conseillait de les déguster trempées dans de la sauce au soja, ou plutôt dans le sel. Il y avait trois variétés de sel : nature, au curry et au matcha.



Je ne pouvais pas laisser passer la saison des cerisiers sans vous parler du yatsuhashi au parfum sakura. Les yatsuhashi, je le rappelle, sont ces petits gâteaux triangulaires, formés d'un carré replié de pâte crue (à base de riz gluant cuit vapeur), et garnis de haricots rouges, ou bien de sésame noir. Dans la version sakura, la garniture est à base d'une plante cousine de la pomme de terre, sucrée, et de morceaux de feuilles de cerisiers saumurées.