lundi 12 avril 2010

Fête des cerisiers à Sumizome (2)

Le petit concert de koto et shakuhachi a commencé avec l’apparition d’un étrange personnage.


C'était un joueur de shakuhachi. Cette flûte en bambou (mesurant 1,8 shaku, soit environ 55 cm) était réservée aux moines de la secte bouddhiste zen Fuke. Ceux-ci étaient souvent, si j’ai bien compris, d’anciens samouraïs ayant perdu leurs biens ou leur seigneur. Ils portaient un sabre, signe de leur rang, à la ceinture (ce qui n’était bien sûr pas le cas des autres moines bouddhistes à l’époque Edo !). Le chapeau qui leur cache la tête matérialise leur absence d’ego. Les moines fuke n’étaient pas des moines cloîtrés, ils se déplaçaient dans la ville pour jouer leur musique. Ils portaient accrochée autour du cou une petite boite, dans laquelle les passants pouvaient déposer une pièce.


Geta (tongs) avec carroserie en plastique, ça fait moins typique mais ça évite de salir les chaussettes blanches.

Après nous avoir expliqué tout cela, le joueur de shakuhachi s’est installé avec les joueuses de koto, et ils ont ensemble interprété plusieurs airs bien connus du folklore japonais.





Le koto est une sorte de longue cithare. Les joueurs pincent les cordes avec un grattoir en ivoire. Autrefois, les cordes étaient en soie et les chevalets qui les tendent en ivoire.



Je peux vous raconter tout ça, parce qu’en tant que seule occidentale dans l’assemblée, et alors que j’étais allée voir de plus près à quoi ressemblaient les instruments après le concert, j’ai été invitée à essayer. Une des dames m’a fait jouer le refrain d’une chanson assez connue (sakura, sakura), en me montrant les cordes où appuyer. Forcément, vous pouvez imaginer que j’étais particulièrement à l’aise, sur l’estrade devant tout le monde. Mais c’était amusant, et ça donnerait presque envie de se remettre à la musique (mais le koto, c’est quand même un peu encombrant, et la position donne des fourmis dans les jambes).


Pour finir, il y a eu un court office bouddhiste dans le temple. Avec Kaori, nous nous sommes approchées un peu. Nous avons été invitées à entrer dans le temple, et à nous asseoir sur des chaises (très basses) avec les autres. Je me suis vu distribuer un livre de prières, avec des idéogrammes partout, heureusement surmontés de l’indication de leur prononciation. Même parmi les Japonais beaucoup de gens ne doivent pas savoir comment prononcer ce genre de textes. Le moine psalmodiait les prières, l’auditoire pouvait l’accompagner, et ma voisine (la distributrice de missel), s’appliquait à m’indiquer où nous en étions rendus. Il faut dire que je perdais le fil assez souvent, le moine changeait de rythme et ne prononçait pas toutes les syllabes. Je n’ai aucune idée de ce qu’il racontait.


Puis, pendant que le moine continuait à chanter, en frappant de temps en temps dans une sorte de grand bol qui résonnait, chacun devait se rendre tour à tour devant l’autel. Sur une petite table était déposée un récipient contenant à droite de l’encens (je crois, ou alors du charbon, mais ça ne salissait pas les doigts) et à gauche des cendres allumées. Chaque personne devait répéter trois fois le geste de prendre une pincée d’encens, la porter au niveau de son front, et la déposer à gauche dans les cendres allumées. J’y suis allée aussi. Ceci terminé, le moine a fait un petit sermon.


Demain, fini le tourisme, je commence à bosser.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ah la la, à toi la vie de jeune cadre dynamique expatriée !!

Tu verras le tourisme c'est mieux ;-) ! En tous ca je t'imagine très bien jouer du koto devant une foule de fans déchaînés ! Et c'est bien la première fois que je vois ce qu'est un "koto" joué plus d'ue fois au scrabble !!!

Gros bisous et bon courage !

Cécile